Voyage des Fous de Palmiers à la Réunion - Novembre 2010
(Par Ruddy BENEZET)

Toujours très intense l’arrivée sur une île sous les tropiques, surtout après le départ d’une métropole sous un novembre gris et froid. Doublement intense puisque l’on arrive sur Saint-Denis de la Réunion, sur une île pleine d’intensités. Ah ! Cette sensation de chaude humidité qui nous effleure d’abord dès le passage de la porte de l’avion, puis qui nous enveloppe complètement. Un accueil très chaleureux par Thierry HUBERT et une délégation de l’association Palmeraie-Union qui organise toutes nos visites, avec Jean-Marc BURGLIN qui, l’œil collé à son reflex, va flasher notre périple, mais surtout les innombrables plantes et palmiers de notre balade. Une douzaine de jours de visite palmesque soutenue.

Dimanche 7
C’est dans le magnifique domaine de Guy-Élie RIVIERE que notre visite commence avec une incroyable variété de palmiers, de très beaux alignements de Dypsis decaryi de grande taille, de talipots (Corypha utan) encore, des bosquets de palmistes rouges (Acanthophoenix rubra) et blancs (Dictyosperma album).
Nous devons nous diriger vers le jardin de Gaby et Suzy HOARAU. Une incroyable entrée s’offre à nous, une magnifique allée de Hyophorbe verschaffeltii ; colonnes de plus de 6 mètres avec des stipes complètement colonisés par des lianes de vanille en fleurs et en fruits et de multiples autres orchidées accrochées à ces pylônes végétaux. Cette allée débouche sur un petit jardin débordant de fleurs et de palmiers, notamment un superbe bosquet de Pinanga coronata avec énormément de fruits.
L’après-midi sera consacré à une très belle exposition de couleurs et de formes avec le Salon de l’Orchidée du Tampon où les palmiers se cantonnent à un rôle de figurant avec quelques petits Latania, Dypsis et Chamaedorea pour mettre en valeur les filles de l’air (Tillandsia usneoides).
Nous finirons l’après-midi avec une visite éclair du « Parc Exotica » (il est un peu tard !) où d’imposants palmiers sont établis. Une grande allée de palmiers « colonnes » (Roystonea oleracea) se dresse à l’entrée du parc…

Lundi 8
Ce lundi sera une journée libre ; libre de choisir sa destination, option de visite d’un des cirques pour certains (Cilaos, Mafate ou Salazie) ou bien tenter une balade sur le bord du volcan, le Piton de la Fournaise, pour d’autres.

Mardi 9
Avant d’atteindre la partie Est et la Plaine des Palmistes, nous faisons un petit arrêt Chemin Roussel. C’est le long de ce petit chemin que se trouve la plus importante station de palmistes Roussel Acanthophoenix rousselii. Ce palmier, endémique de la Réunion, ne compte plus qu’une cinquantaine d’exemplaires de cette taille (plus de 10 mètres). L’espèce très menacée doit sa survie à l’action de quelques associations locales dont, bien sûr, Palmeraie-Union qui s’active à le multiplier pour empêcher son extinction.
Le clou du spectacle pour un Fou c’est de voir, dans son milieu naturel, le palmiste noir des hauts ou palmiste piquant Acanthophoenix crinita, encore une espèce endémique qui a longtemps été confondue avec Acanthophoenix rubra, le palmiste rouge, qui est un peu plus grand et occupe les régions beaucoup plus basses de l’île. Bien que décrite en 1804 ce n’est que très récemment que l’étude permit de définitivement les différencier.
Le Grand Étang, dans une petite vallée, est pour nous l’occasion d’une petite marche très botanique, et nous comptons bien trouver dans les environs de ce magnifique étang quelques exemplaires sauvages du palmiste poison, pour le voir de plus près! Le palmiste poison (Hyophorbe indica) ou palmiste cochon est endémique de la Réunion. Bien qu’il soit appelé « palmiste » il doit sa sauvegarde au fait qu’il n’est absolument pas comestible (ou seulement par les cochons).

Mercredi 10
C’est vers Saint-Denis que nous conduit la visite du domaine de Bruno et Yvette RICQUEBOURG. Après avoir traversé cette belle ville et admiré son architecture remarquable, nous filons un peu plus haut vers Sainte-Clotilde. Nous sommes accueillis par Bruno et Yvette dans un grand jardin avec de très vieux palmiers et une magnifique case créole qui doit être classée. Nous remarquons immédiatement un énorme Dypsis decaryi de 6 à 7 mètres dont les longues palmes bien réparties sur 3 plans verticaux lui confèrent la géométrie d’un parfait triangle équilatéral ! Mais ce sont aussi plus de 150 palmiers qui sont bichonnés par les propriétaires de ce beau jardin fleuri ; une belle collection de Dypsis avec D. madagascariensis, D. forficifolia, D. pusilla et j’en oublie très certainement.
Après le déjeuner nous faisons une petite visite aux palmiers « colonnes » dans le quartier de la Providence ; c’est un groupe phénoménal de Roystonea oleracea de plus de 20 mètres de haut qui se disputent l’espace avec d’énormes bambous (Dendrocalamus sp) dont certains ont un diamètre de plus de 25cm. Incroyable densité sur un aussi petit espace ; d’ailleurs un panneau avertit d’un risque majeur de... « CHUTES DE PALMES ».
L’entrée du Jardin de l’État avec sa splendide allée de palmiers colonnes et, un peu plus loin, une autre allée bordée de palmiers « bonbonnes » nous permet d’admirer une belle collection de palmiers en tous genres : Syagrus amara qui ne ressemble pas aux Syagrus que nous connaissons et une sorte de grand Phoenix roebelenii (certainement hybridé avec un P. reclinata), mais aussi beaucoup d’autres plantes, arbres et arbustes d’ici ou d’ailleurs.

Jeudi 11
Première étape à Saint-Leu, nous allons faire une visite du Conservatoire Botanique National de Mascarin. Parcours sur les plantes endémiques de la Réunion, mais bien d’autres aussi, guidé par une jeune stagiaire, un peu crispée devant tant de fous de plantes diverses et variées. De magnifiques spécimens de palmiers, un alignement de gros talipots (Corypha utan), un groupe de palmiers à sucre (Arenga pinnata) très impressionnants et tous les palmistes sont bien installés.
Non loin de là nous continuons avec la visite du domaine d’Henri et Josiane LAW-WAÏ aux Avirons. Une magnifique vue sur Étang-Salé, surtout depuis la terrasse ombragée par un énorme Ficus elastica d'à peine 15 ans en lutte serrée avec un Corypha utan du même âge qui tente de lui ravir son espace de soleil, avec ses énormes palmes de 4 m de diamètre ; impressionnante densité de plantes. Josiane et Henri nous offrent un repas créole à l’ombre bienvenue d’un arbre énorme sous lequel est dressée une table pour 30 convives… un vrai régal exotique.
La journée n’est pas terminée ; nous nous mettons en route pour aller chez Bernard et Christine MARTZ, avec une visite de la Pépinière de la Chapelle. Multiplication de « multipliants » (Dypsis lutescens) à perte de vue et toute une panoplie de palmiers très rares.

Vendredi 12
Levé encore à l’aurore pour reprendre la route magique des Tamarins vers le Sud. Maxime HOARAU nous accueille à l’entrée de son domaine qui domine Le Tampon à Trois Mares. L’alignement de palmiers colonnes et de palmiers bobines est extraordinaire sur ce cheminement escarpé qui grimpe jusqu’à la belle maison de Maxime et Eliane. Grand collectionneur, Maxime a pu planter prés de 130 espèces de palmiers sur un peu plus d’un hectare, sans compter les fougères, dracaenas, cordylines, Furcraea et autres Strelitzia.
Après le déjeuner en table d'hôte, nous redescendons vers Le Tampon. Madame Laure FONTAINE est connue dans toute l’île pour sa collection d’orchidées. Sous de grandes ombrières elle s’occupe avec amour de ses centaines d’orchidées, créant elle-même certains hybrides. Il y a aussi de magnifiques lianes de Thunbergia mysorensis nous offrant de splendides inflorescences, longues grappes jaune-orange-rouge suspendues juste à la hauteur du regard. Une autre liane avec des grappes de fleurs de couleurs encore plus incroyables nous interpelle, c’est un Strongylodon macrobotrys avec son irréelle inflorescence vert jade, d’une forme tout aussi bizarre, semblable à des becs de perroquets inversés.

Samedi 13
Retour ce matin au Tampon avec, enfin, la visite du « Parc des Palmiers » et de sa pépinière. D’abord petit topo de Thierry pour nous mettre le parc en perspective. C’est par la pépinière que nous débutons la visite avec des milliers de petits palmiers qui sont autant de futurs habitants du grand parc des palmiers. Le parc maintenant ! Juste la route à traverser, 2,5 hectares déjà aménagés mais bientôt 20 avec 40.000 palmiers représentant 1000 espèces différentes qui seront installés à terme.
Les Fous de Palmiers sont invités par Palmeraie-Union à planter un exemplaire du fameux Johannesteijsmannia altifrons pour marquer leur passage. Ce « Joey Palm » (comme l’appellent les « Ricains » à cause de son nom imprononçable) est un palmier spectaculaire avec ses palmes non divisées qui font plus de 6 mètres et qui sont plissées sur toute leur longueur. Bel exercice de « réunion » de nos deux associations !
Mais déjà nous sommes attendus à la Ravine des Cabris, au « Domaine de Palmahoutoff », propriété d’Aïdée et Thierry HUBERT. Nous y voici ; 13.000 m² pour planter environ 1000 palmiers de quelques 300 espèces. Thierry nous fait donc découvrir son jardin exceptionnel qui s’enroule autour d’une magnifique case créole. Une fois de plus l’accueil nous remplit de bonheur avec un buffet créole concocté avec amour par Aïdée !

Dimanche 14
Willy et Aliette TELEGONE nous accueillent dans leur magnifique domaine de palmiers et de plantes endémiques. Nous avons une vue saisissante sur l’océan depuis leur jardin. Autour de la demeure la densité de palmiers est remarquable : un magnifique Dypsis decipens, un des plus beaux de la Réunion, non loin un Dypsis fibrosa offre sa crinière extrêmement fournie aux quatre vents.
Après le déjeuner nous découvrons le « Jardin des Parfums et des Épices » de Patrick FONTAINE. C’est dimanche et beaucoup viennent s’immerger dans la moiteur de ce jardin au milieu de la forêt de Mare-Longue. Dès l’entrée les lianes de vanille montant à l’assaut du moindre tronc ou stipe. Ce jardin de 3 hectares est situé sur une très ancienne coulée volcanique de plus de 800 ans. Nous ne devons pas perdre de temps car les lataniers rouges nous attendent au « Cap de l’Abri » ! Mais une fois le Cap atteint, rien n’est encore fait ! Une escalade dans les rochers en bord de la plage de Grande Anse va nous permettre de faire aboutir notre quête ! Quelle récompense que de trouver alors ces quelques lataniers rouges dont certains sont couverts de fruits charnus.

Lundi 15
Nous avons un rendez-vous avec une forêt de palmistes blancs et rouges à l’Anse des Cascades. Pour cela il faut contourner le sud de l’île, traverser le « Grand Brûlé7 » et se retrouver sur les plages du Sud-Est. L’Anse des Cascades, petite baie donnant sur l'Océan Indien, est située sur la Commune de Sainte-Rose. Elle porte bien son nom, de nombreuses chutes d'eau aboutissent en effet dans cette petite anse.
Sur le chemin du retour, visite et déjeuner à « Bananaland », le monde de la banane, où l’on veut nous faire croire que les bananiers sont les plus grandes « herbes » au monde. Mais il ne faut pas raconter cela aux Fous de Palmiers.

Mardi 16
Notre deuxième et dernière journée libre du séjour. C’est une balade vers le Maïdo qui intéresse la plupart d’entre nous !

Mercredi 17
Après avoir préparé nos valises pour le retour, nous faisons une dernière visite, cette fois-ci au « Jardin d’Éden » (eh oui, il se trouve à la Réunion !) à l’Ermitage. Ce n’est pas trop loin et cela prépare doucement notre départ qui doit avoir lieu en soirée.
Vers 17 h nous quittons « Senteur Vanille » avec un pincement au cœur pour retourner à Saint-Denis. Nous remercions chaleureusement nos accompagnateurs, Thierry et Jean-Marc, qui, jusqu’au bout, ont supporté ce groupe de Fous complets (ou ce groupe complet de Fous… au choix).
Mais c’est aussi toute l’équipe de Palmeraie-Union que nous remercions pour l’ensemble de ces chaleureuses journées et aussi, bien sûr, tous les hôtes qui ont su si gentiment nous faire partager un peu de leur magnifique cadre de vie.